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Page:Berlioz - Les Grotesques de la musique, 1859.djvu/125

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Nuit du Walpurgis à Rome, en 1831. Il a donc fallu vingt-deux ans à cette belle œuvre pour arriver jusqu’à nous. Il est vrai que la lumière de certains astres ne nous parvient qu’après des milliers d’années de voyage. Mais Leipsick, où les partitions de Mendelssohn sont dès longtemps publiées, n’est pas à une distance de Paris tout à fait égale à celle qui nous sépare de Saturne ou de Sirius.

Le Conservatoire a pour principe de procéder lentement en toutes choses. Toutefois, malgré ce défaut d’agilité et de chaleur que son âge explique, il faut le reconnaître, c’est un vieillard encore vert.

Il a fait de sa salle un musée pour un grand nombre de chefs-d’œuvre de l’art musical, qu’il nous montre chaque année sous leur vrai jour : de là sa gloire. On lui reproche de ne vouloir pas que d’autres y exposent leurs travaux quand le musée est vide et qu’il n’y expose rien. En cela on a grand tort : il possède une bonne salle, la seule bonne de Paris pour la musique d’ensemble ; il a voulu en avoir le monopole, il a eu raison ; il l’a obtenu, il le garde, il a encore raison. Il ne peut pas, sans doute, en laissant ce champ libre, favoriser la concurrence. S’il était dehors, que d’autres fussent dedans, il trouverait fort naturel que ces autres le laissassent se morfondre à la porte ; et il est tout simple qu’il apprécie le bon sens du précepte :

« Il ne faut faire qu’à autrui ce que nous ne voudrions pas qui nous fut fait. »

Cependant, il est peut-être temps qu’il songe à va-