Page:Berlioz - Les Grotesques de la musique, 1859.djvu/126

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rier son répertoire, pour que le public fatigué n’en vienne pas à faire un mauvais jeu de mots sur le titre de l’harmonieuse société, en l’appelant la satiété des concerts. Ce qui pourrait, auprès de certaines gens, ne pas sembler tout à fait hors de saison.

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Paris n’est pas le seul point de la France sur lequel on puisse signaler un important mouvement musical. Il y a tous les quatre ou cinq ans des saisons à Lyon, à Bordeaux ; tous les huit ans il y en a une magnifique à Lille, il y en a d’excellentes à Marseille, où les fruits de l’art musical mûrissent plus vite qu’ailleurs.

Mais après les saisons de France, « la saison de Londres ! la saison de Londres ! » est le cri de tous les chanteurs, italiens, français, belges, allemands, bohèmes, hongrois, suédois et anglais ; et les virtuoses de toutes les nations le répètent avec enthousiasme en mettant le pied sur les bateaux à vapeur, comme les soldats d’Énée en montant sur leurs vaisseaux répétaient : Italiam ! Italiam ! C’est qu’il n’y a pas de pays au monde où l’on consomme autant de musique dans une saison qu’à Londres.

Grâce à cette immense consommation, tous les artistes d’un vrai talent, après quelques mois employés à se faire connaître, y sont nécessairement occupés. Une fois connus et adoptés, on les attend chaque année, on compte sur eux comme on compte dans l’Amérique du nord sur le passage de pigeons. Et jamais, jusqu’à la