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Page:Berlioz - Les Grotesques de la musique, 1859.djvu/208

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tionna le poëme. L’illustre académicien était au balcon des premières loges et attirait sur lui l’attention de toute la salle par la joie expansive qu’il paraissait éprouver à entendre chanter ses propres vers. Quand vint ce beau passage d’un air du bailli :

Je suis l’ami de tous les pères.
Le père de tous les enfants,


M. Tienne laissa échapper un tel éclat de rire que je me sentis rougir et que je sortis tout attristé. Ce fut la dernière fois qu’il m’arriva de voir presque jusqu’au bout ce célèbre ouvrage, dans lequel le rossignol chantait avec tant de verve qu’on eût juré entendre un concerto de flûte exécuté par Tulou. On devrait remettre en scène cette belle chose ; je suis sûr que beaucoup de gens encore y prendraient plaisir.

Si Peau-d’Âne m’était conté,
J’y prendrais un plaisir extrême,


a dit le Bonhomme. Les habitués de l’Opéra qui connurent Mme Lebrun seraient certes charmés d’une telle attention. C’était une femme si énergique, dans sa conversation surtout. Son rossignol fut cousin germain du perroquet de Gresset. Les F et les B étaient ses deux consonnes favorites. Je ne me rappelle pas sans attendrissement le compliment qu’elle m’adressa dans l’église