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Page:Berlioz - Les Grotesques de la musique, 1859.djvu/221

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LE VIOLONISTE, éclatant de rire.

Il y en a six ou sept à la fois, ce soir. Et comme j’ai bien prévu que, selon votre usage, ne pouvant aller partout, vous n’iriez nulle part, et par discrétion en outre, pour ne pas vous déranger, souffrant comme vous l’êtes, j’ai apporté ma boîte ; mon violon est là. Si vous le permettez, je vais vous jouer mes nouveaux caprices pour la quatrième corde.

LE MALADE, à part.
La peste de ta corde, empoisonneur au diable,
En eusses-tu le cou serré.


. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .


Le fait est, et cela est triste à dire, que les concerts à Paris sont devenus de pitoyables non-sens. Il y en a une telle quantité, ils vous poursuivent, vous obsèdent, vous assomment, vous scient avec une si cruelle obstination, que le propriétaire d’un vaste salon littéraire a eu dernièrement l’idée de placer devant sa porte une affiche ainsi conçue : Ici on ne donne pas de concerts. Et son salon, depuis lors, regorge de lecteurs et d’amis de la paix qui viennent y chercher un abri.

Depuis que Mme Erard s’est résignée à ouvrir gratuitement ses salons aux féroces virtuoses errant en