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Page:Berlioz - Les Grotesques de la musique, 1859.djvu/228

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Quel est l’audacieux
Qui dans ces sombres lieux,


il est bien évident que cette forme doit se retrouver dans les vers, sans quoi les paroles n’iraient pas sur la musique.

Si plusieurs strophes différentes sont destinées à être chantées successivement sur la même mélodie, il serait fort à désirer également qu’elles fussent toutes coupées et rhythmées de la même façon ; on empêcherait ainsi les fautes grossières de prosodie produites nécessairement par la musique sur les couplets qui ne sont point rhythmés comme le premier, ou l’on évirait au compositeur soigneux l’obligation de corriger ces fautes en modifiant sa mélodie pour les diverses strophes, lorsqu’il a tout intérêt à ne pas la modifier.

Mais dire que dans un air, dans un duo, dans une scène où la passion peut et doit s’exprimer de mille façons diverses et imprévues, il faut absolument que les vers soient uniformément coupés et rhythmés, prétendre qu’il n’y a pas de musique possible sans cela, c’est prouver clairement tout au moins qu’on n’a pas d’idée de la constitution de cet art ; et l’application de ce système par les poëtes italiens, en mainte occasion où la musique la repousse, n’a sans doute pas peu contribué à donner à l’ensemble des productions musicales de l’Italie l’uniformité de physionomie qu’on a le droit de lui reprocher.