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Page:Berlioz - Les Grotesques de la musique, 1859.djvu/287

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Marseille, et nous eûmes grand’peine à en trouver deux. Les charmes du cornet à pistons et les succès qu’il procure aux virtuoses dans les bals champêtres, deviennent de plus en plus irrésistibles pour les musiciens de province. Si l’on n’y prend garde, la trompette, dans les plus grandes villes de France, sera bientôt, comme le hautbois, un mythe, un instrument fabuleux, et l’on n’y croira pas plus dans vingt ans qu’à la corne des Licornes. L’orchestre du Grand-Théâtre de Lyon possède en revanche, par exception, un hautbois de première force, qui joue également bien de la flûte, et dont la réputation est grande ; c’est M. Donjon. On y remarque encore le premier violon, M. Cherblanc, dont le beau talent fait honneur au Conservatoire de Paris. Quant à Georges Hainl, le chef de cet orchestre, voici son portrait en quelques mots : à une supériorité d’exécution incontestable sur le violoncelle, supériorité reconnue qui lui a valu un beau nom parmi les virtuoses, il joint toutes les qualités du chef d’orchestre conducteur-instructeur-organisateur ; c’est-à-dire qu’il dirige d’une façon claire, précise, chaleureuse, expressive ; qu’il sait, en montant les nouveaux ouvrages, faire la critique des défauts de l’exécution et y porter remède autant que les forces musicales dont il dispose le lui permettent, et enfin qu’il sait mettre en ordre et en action productive tous les moyens qui sont à sa portée, administrer son domaine musical et vaincre promptement les difficultés matérielles dont chacun des mouvements de la musique, en province