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Page:Berlioz - Les Grotesques de la musique, 1859.djvu/288

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surtout, est ordinairement entravé. D’où il résulte implicitement qu’il joint à beaucoup d’ardeur un esprit pénétrant et une persévérance infatigable. Il a plus fait en quelques années pour les progrès de la musique à Lyon, que ne firent en un demi-siècle ses prédécesseurs.

Le jour de mon concert, il fut successivement directeur et exécutant. Il conduisit le chœur, il joua du violoncelle dans la plupart des morceaux symphoniques, des cymbales dans l’ouverture du Carnaval, des timbales dans la Scène aux champs, et de la harpe dans la Marche des pèlerins. Oui, de la harpe. Ce fut même un des incidents les plus plaisants de notre dernière répétition. Je n’ai pas besoin de vous dire que les harpistes sont rares à Lyon autant qu’à Poissy ou à Quimper. La harpe aussi va devenir, comme le hautbois et la trompette, un instrument fabuleux pour nos provinces.

On m’avait indiqué un amateur dont le talent sur cet instrument jouit à Lyon de quelque renommée. « Avant de recourir à lui, voyons, me dit Georges, la partie que vous voulez lui confier.

— Oh ! elle n’est pas difficile ; elle ne contient que deux notes, si et ut. »

Après l’avoir attentivement examinée :

« — Oui, reprit-il, elle n’a que deux notes ; mais il faut les faire à propos, et notre amateur ne s’en tirera pas. Votre s… musique est encore de celles qui ne peuvent être exécutées que par des musiciens. Ne