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Page:Berlioz - Les Grotesques de la musique, 1859.djvu/306

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dissipées assez promptement, et, après la troisième répétition, tout marcha bien. Autant qu’il m’en souvienne, les trois corps de musique militaire appartenant spécialement a la ville de Lille, ceux de la garde nationale, des pompiers et de l’artillerie, n’avaient voulu ou pu prendre aucune part à cette exécution. On m’en dit alors la raison, mais je l’ai oubliée. Ce fut grand dommage, car ces orchestres sont excellents, et certes il y a bien peu de musiques militaires en France qui puissent leur être comparées. Je pus apprécier leur mérite individuel, chacun de ces corps m’ayant fait l’honneur de venir, dans la journée qui précéda le concert, jouer sous mes fenêtres. C’était, de leur part, une véritable et cruelle coquetterie.

On me donna un excellent petit orchestre (celui du théâtre, je crois), pour accompagner la cantate ; une seule répétition fut suffisante. Tout était donc prêt, quand M. Dubois me présenta le capitaine d’artillerie de la garde nationale.

« — Monsieur, me dit cet officier, je viens m’entendre avec vous au sujet des pièces.

— Ah ! il y a une représentation dramatique ! Je l’ignorais. Mais cela ne me regarde pas.

— Pardon, monsieur, il s’agit de pièces… de canon !

— Ah mon Dieu ! et qu’ai-je à faire avec ces… ?

— Vous avez à faire, dit alors M. Dubois, un effet étourdissant, dans votre morceau de l’apothéose. D’ailleurs, il n’y a plus à y revenir, les canons sont sur le