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Page:Berlioz - Les Grotesques de la musique, 1859.djvu/307

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programme, le public attend ses canons, nous ne pouvons les lui refuser.

— C’est maintenant que mes confrères ennemis de Paris, les bons gendarmes de la critique, vont dire que je mets de l’artillerie dans mon orchestre ! Vont-ils se divertir ! Parbleu, c’est une aubaine pour moi ; rien ne m’amuse comme de leur fournir l’occasion de dire, à mon sujet, quelque bonne bêtise bourrée à triple charge. Va pour les canons ! Mais d’abord comment est composé votre chœur ?

— Notre chœur ?

— Oui, votre parc. Quelles sont vos pièces, et combien en avez-vous ?

— Nous avons dix pièces de douze.

— Heu !… c’est bien faible. Ne pourriez-vous me donner du vingt-quatre ?

— Mon Dieu, nous n’avons que six canons de vingt-quatre.

— Eh bien accordez-moi ces six premiers sujets avec les dix choristes ; ensuite disposons toute la masse des voix sur le bord du grand fossé qui avoisine l’esplanade, aussi près que possible de l’orchestre militaire placé sur l’estrade. M. le capitaine voudra bien avoir l’œil sur nous. J’aurai un artificier à mon côté ; au moment de l’arrivée des princes, une fusée volante s’élèvera, et l’on devra alors faire feu successif des dix choristes seulement. Après quoi nous commencerons l’exécution de l’apothéose, pendant laquelle vous aurez eu le temps de recharger. Vers la fin du morceau, une autre fusée