Aller au contenu

Page:Berlioz - Les Grotesques de la musique, 1859.djvu/98

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

sont-ils partisans du gouvernement représentatif, ou de la démocratie coulant à pleins bords, ou du régime militaire ?… Ils sont tous philosophes ; mais combien y en a-t-il de lettrés ? Combien d’entre eux font des vaudevilles ?… Combien ont manié la brosse avant d’être réduits au balai ?… Combien furent élèves de Vernet avant de poser pour Charlet ?… Combien ont obtenu le grand prix de Rome à l’Académie des Beaux-Arts ?… Je ne finirais pas si je voulais énumérer toutes les questions que cette lithographie soulève. Questions d’humanité, questions de salubrité, questions d’égalité et de liberté et de fraternité, questions de philosophie et d’anatomie, de chimie et de voirie, questions de littérature et de peinture, questions de subsistances et d’aisances, questions de goût et d’égout, questions d’art et de hart !…

Ah çà ? à quel propos, je me le demande, cette tirade sur MM. les balayeurs ? qu’ai-je de commun avec eux ? J’ai obtenu le prix de Rome, il est vrai ; j’ai quelquefois des fluxions ; je ne manque pas de sujets d’affliction ; je suis un grand philosophe ; mais M. le préfet de la Seine se garderait bien de me confier les moindres fonctions municipales ; mais je n’ai jamais touché une brosse de ma vie ; c’est tout au plus si je sais me servir d’une plume ; je n’écrivis jamais un vaudeville ; je ne serais pas capable de confectionner seulement un opéra-comique.

C’est la folle du logis (l’imagination, le caprice, cela se dit quand on ne veut pas employer le mot propre)