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Page:Berlioz - Les Grotesques de la musique, 1859.djvu/99

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qui m’a dicté cette élégie. Et je suis fort loin pourtant d’avoir le temps de me livrer à de pareils délassements littéraires ; il pleut à verse des opéras-comiques, au boulevard des Italiens, au boulevard du Temple, dans les salons, partout. Et nous sommes critiques, nous sommes à la fois juges et témoins, bien qu’on ne nous ait pas fait jurer sur le Coran de dire la vérité, rien que la vérité et toute la vérité. Négligence regrettable, car si j’avais fait un pareil serment, je le tiendrais. Il est vrai qu’on peut toujours dire la vérité, sans avoir juré de la dire. Or donc, puisqu’il pleut à verse des opéras-comiques et que nous sommes armés d’un chicot de plume, et que nous vivons à Paris pour y être greffier au tribunal lyrique, faisons notre devoir, marchons au noble but offert à notre ambition, et ne nous faisons pas dire deux fois : « Allons, monsieur, de l’ardeur ! »

Trop misérables critiques ! pour eux l’hiver n’a point de feux, l’été n’a point de glaces. Toujours transir, toujours brûler. Toujours écouter, toujours subir. Toujours exécuter ensuite la danse des œufs, en tremblant d’en casser quelques-uns, soit avec le pied de l’éloge, soit avec celui du blâme, quand ils auraient envie de trépigner des deux pieds sur cet amas d’œufs de chats-huants et de dindons, sans grand danger pour les œufs de rossignols, tant ils sont rares aujourd’hui… Et ne pouvoir enfin suspendre aux saules du fleuve de Babylone leur plume fatiguée, et s’asseoir sur la rive et pleurer à loisir !…

Encore des feuilletons ! encore des opéras ! encore