Page:Bernard - Federic de Sicile.djvu/114

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& le chagrin, chacun avoit ſoin des pertes particulieres, & c’eſtoit aſſez de ne s’affliger pas tant de la priſon du Prince puiſqu’on eſtoit aſſuré de ſa vie, ſans ſe réjouir du gain d’une bataille qui coutoit tant à la Sicile. Pluſieurs perſonnes conſiderables y avoient pery, & entr’autres, le grand Amiral, comme nous avons dit, avoit eſté tué. Sa veuve qu’il laiſſa en droit de diſpoſer d’elle, ſe reſolut de ſe ſervir de ſes droits en faveur de ſon Amant ; elle eut apparamment une tres-vive douleur de la mort de ſon mary, & l’on ne fut point ſurpris de la reſolution qu’elle priſt de quitter le monde, mais elle n’y avoit pas encore renoncé, ſes plaiſirs n’eſtoient pas ſans charmes pour elle, il falloit ſeulement les chercher plus loin. L’objet de ſes delices avoit paſſé à Majorque, & elle n’épargnoit rien pour le venir trouver. Aprés que les premieres ceremonies du deuil furent paſſées, elle feignit de ſe retirer dans un convent. Cependant Camille qui ſçavoit Federic à Majorque, ſentit une grande envie d’y retourner & ne trouva pas bon d’eſtre plus long-temps ſur les terres de ſon ennemy contre la