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Page:Bernard - Federic de Sicile.djvu/113

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ne vous trompent point, & même ſi le cœur vous avoit dit que c’eſtoit moy, il falloit s’en tenir à ſon témoignage ; mais par quel bon-heur, luy dit-il, vous revoy-je ? pourriez-vous douter luy, dit-elle, que ce ne ſoit à voſtre ſeule conſideration que j’entreprends ce voyage, ſi vous pouviez faire la même choſe pour moy ? Federic eſtoit ſi étonné de ce qu’une confidence la faiſoit venir de ſi loin, & de tous les complimens qu’elle luy faiſoit joints à cét étrange déguiſement qu’ils alloient tout de nouveau retomber dans l’embarras, ſi Amaldée ne les en euſt tirez. Mais il eſt temps que l’on ſçache par quelle avanture elle eſtoit venuë à Majorque, il eſt certain que lors qu’une prude ſe méle d’eſtre galante, elle ne l’eſt pas à demy, on paſſe d’une extremité à l’autre, & quand on ſe reſout une fois à s’écarter du chemin de la ſageſſe, ce n’eſt pas pour faire de mediocres folies.

Mais pour reprendre les choſes où nous les avons laiſſées en Sicile, aprés que la flotte fut retournée victorieuſe, de cependant conſternée par la priſe de Federic, on eſtoit partagé entre la joye