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Page:Bernard - Federic de Sicile.djvu/138

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luy inſpira, qui fut de ne jamais parler à Federic. En effet elle eut tant d’adreſſe à en éviter les occaſions, que quand il les auroit cherchées plus qu’il ne faiſoit, il n’en ſeroit jamais venu à bout. Federic, la Princeſſe de Mantouë, & la Reine juſtifioient ſi bien tout ce qu’il avoit dit, qu’on n’en pouvoit douter. La Princeſſe de Sicile eſtoit bien aiſe d’oſter un cœur à celuy qui luy oſtoit le ſien, & de ſe venger par là de tous les chagrins qu’Amaldée luy avoit cauſez, elle y reüſſit. Un jour qu’ils ſe rencontrerent, ce Prince luy dit fort triſtement ; hé bien vous aimez ma Maiſtreſſe, faut-il que je vous la cede ? ne me la cedez point, luy répondit-elle fierement, il faut diſputer ſon cœur par des ſoins, & malgré la tendreſſe que j’auray pour elle, faudra-t’il qu’elle ſoit à vous ? la tendreſſe que vous aurez pour elle ! répondit Amaldée, ah ! je ne puis ſoûtenir ce coup ! quoy donc je ſeray trahy par mon meilleur amy ! il faut rompre ſi vous aimez la Princeſſe de Mantouë : rompons, dit la Princeſſe de Sicile, outrée de luy voir des mouvemens qu’elle ne croyoit pas cauſer, car l’amour n’a jamais produit tant de bizar-