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Page:Bernard - Federic de Sicile.djvu/139

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reries ſans ſe faire connoiſtre, qu’il en produiſoit dans l’ame d’Amaldée. Ils ne ſe parlerent plus de ce jour, & la Princeſſe de Sicile donnant à ſa rivale toutes les heures qu’elle auroit paſſées avec ſon Amant, ſe dedommageoit de ce qu’elle pouvoir perdre, parce qu’il perdoit auſſi & s’employoit toujours à mettre obſtacle aux progrés que ſa paſſion pouvoit faire, ſi elle ne pouvoit l’empeſcher d’en avoir, trop heureuſe de ſe donner une occupation ſi utile ! cela faiſoit une diverſion à ſes ſentimens, que l’oiſiveté auroit rendus plus ardens. La Princeſſe de Mantoüe étoit charmée de voir un ſi heureux ſuccés à ſon deſſein, que d’abord elle avoit cru ne pas executer ; elle ne fit plus de reflexion ſur la difficulté qu’elle y avoit preveuë, puiſque cette difficulté eſtoit levée. Quand on eſt contente du preſent, on ne détourne point ſa veuë ſur des ſouvenirs faſcheux, ou quand on y fait quelque reflexion, les maux paſſez ne ſervent qu’à faire trouver plus de plaiſirs par l’oppoſition des biens preſens. La Reine eſtoit furieuſe de voir qu’on avoit changé ſuivant ſes maximes, & qu’on n’avoit point changé pour elle. Il