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Page:Bernard - Federic de Sicile.djvu/142

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parloit que de choſes indifferentes ; mais un jour remarquant l’inquietude de Federic qui ſe promenoit avec la Reine, & qui tâchoit de s’approcher de luy pour entendre ce qu’il diſoit à la Princeſſe de Mantoüe, il reſolut à ſon tour de luy faire paſſer de fâcheux momens, & hauſſant la voix, ah ! Madame, luy dit-il, n’avons nous rien à nous dire de plus doux, il ſemble que nous craignons que Federic ne nous écoute, comme il écoutoit effectivement, elle luy répondit avec beaucoup de froideur ; plus la converſation eſt indifferente, & plus elle doit eſtre agreable : quelle rigueur ! s’écria Amaldée avec un chagrin qui n’eſtoit pas abſolument feint, puis qu’il jugeoit que ſon indifference pour luy, ne venoit que de la tendreſſe que Federic avoit pour elle. Eſt-ce, continua-t’il, par ces choſes indifferentes que le Prince de Sicile a ſçeu vous plaire, & vous a-t’il accoutumée à des converſations ſi peu tendres, que vous n’en puiſſiez ſouffrir d’autres. Federic ſe connoiſſoit trop en mouvemens, pour ne pas remarquer que ceux d’Amaldée avoient un principe tres-tendre, ſans demêler qu’il eſtoit la cau-