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Page:Bernard - Federic de Sicile.djvu/145

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ſur le chapitre des Amans jaloux ; pour moy, dit-elle, je croy que les aſſiduités d’un Amant de ce caractere, diminuent autant l’eſtime qu’on a pour luy, que celles d’un Amant plus circonſpect peuvent la faire croiſtre, c’eſt une premiere veüe qui fait naiſtre la tendreſſe quand elle eſt heureuſe, celles qui ſuivent ne ſervent qu’à confirmer ce qu’elle a déja fait, mais quand elle ne produit rien, toutes les autres ne ſervent qu’à irriter nôtre dureté par l’obſtacle qu’on y veut mettre. Il ſemble qu’on veuille emporter nôtre cœur de vive force. Il eſt né libre, & quand il ne ſe donne pas luy même, rien ne nous le peut oſter. Il eſt tout vray repliqua le Prince de Majorque, lors qu’on n’a pas plû d’abord, c’eſt inutilement qu’on ſe travaille pour y parvenir. La Conſtance déplaiſt dans un Amant rebuté autant qu’elle charme dans un Amant qui plaiſt, mais quand on n’a pas reüſſi dans ſon amour, on veut du moins reüſſir dans la jalouſie, & c’eſt aſſez que d’empécher un rival de proſiter de nôtre diſgrace, & aſſurement il a plus de part à nos aſſiduités qu’une Maiſtreſſe à qui on ne les doit plus dés qu’elle les permet à un autre. Federic ſans ſçavoir