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Page:Bernard - Federic de Sicile.djvu/146

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pourquoy, trouva tant de douceur à ce mot, que regardant Amaldée d’une maniere tres-obligeante ; Un Amant habile, luy dit-il, ne doit point étre ſcandaliſé d’un procedé qui marque le cas qu’on fait de ſon merite, & c’eſt beaucoup que de s’attirer l’eſtime de ſon rival. La Princeſſe de Mantoüe à ce mot la regarda avec étonnement ; & ſans comprendre pourquoy il prenoit le party d’Amaldée au prejudice du ſien méme en un endroit apparamment ſi contraire à ſes intereſts, on peut dire qu’il luy donna en ce moment de la jalouſie avec plus de juſtice qu’elle ne luy en donnoit. Elle le quitta ſur quelque pretexte avec aſſez de dépit, & dés le lendemain voyant Federic dans la chambre de la Reine qui étoit occupée pour quelques affaires, elle tâcha de s’approcher de luy, & luy dit, je ne ſçay en verité pourquoy vous avez plus d’égards pour un amy qui ne devroit plus l’étre, que je n’en ay pour un Amant que je dois ménager par mille raiſons. Que voulez-vous que je faſſe, luy dit-il, il en uſe fort bien avec moy, il a été mon vainqueur… Ah ! luy dit la Princeſſe en l’interrompant, tient on compte de quelque choſe