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Page:Bernard - Federic de Sicile.djvu/159

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AMALDÉE

À

FEDERIC.

I’Ay mille choſes à vous dire, Prince, & vous apportez mille ſoins à ne les pas entendre ; vous avez autant d’empreβement à me fuir, que j’en ay à vous chercher ; enfin je remarque dans toutes vos actions un air de mépris auſſi ſingulier que l’estime que j’ay pour vous eſt particuliere, a-t’on jamais veu un rival en uſer comme vous faites ? on ſe parle avec aigreur entre rivaux ; mais toujours on ſe parle, & voſtre ſilence eſt plus deſeſperant que tout ce que vous pouriez me dire de fâcheux. On a quelque animoſité ſur ce qui regarde la concurrence, mais on s’en relaſche pour le reſte, & vous ne vous relaſchez jamais de la voſtre ny de ces manieres fieres, & pleines de dépit, que je ne ſçaurois conçevoir ; il y a plus que de la concurrence entre nous. Ie ſuis obligé de m’en prendre à cette antipathie que vous ne m’aviez fait oublier, qu’afin de m’en faire reſſouvenir avec plus de douleur. Pourquoy l’aviez-vous quittée puiſque vous ne la