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Page:Bernard - Federic de Sicile.djvu/163

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vous en avez à vous plaindre. Vous rappellez cette pretenduë antepatie dont je ne vous ay que trop deſabuſé, & dont pourtant je ne me ſuis repenty qu’aprés que vous avez eu une Maistreße. Que toutes mes froideurs vous ont deu eſtre douces, puis qu’elle n’étoient pas ſinceres, eſt il des rafinemens de haine ? helas on ne haït guere quand on y rafine ; mais enfin pourquoy rafinez vous ſur l’amitié quand vous avez de la tendreße, je ne ſçaurois ſouffrir ce cruel partage. Haïſſez-moy comme un vray rival ſi vous aimez comme un vray Amant, n’ayez point pour moy des égards qui peuvent m’étre ſi dangereux, ſoûpirez en repos pour la Princeſſe de Mantoüe, je ne l’aime point puis qu’il faut l’avoüer, je ne vous y nuiray plus, & ce que je luy ay fait voir de ma paſſion n’est pour ſervir qu’au triomphe de la voſtre. Si vos ſentimens eſtoient ſemblables à ſon égard que nous ſerions amis ? c’eſt cette ſeule égalité que je demande, changez de deβein pour elle, & je changeray de conduite avec vous.

Federic eut moins d’impatience d’envoyer ſa lettre qu’Amaldée n’en avoit eu. Il trouvoit qu’il en avoit trop dit, il balança long-temps à la don-