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Page:Bernard - Federic de Sicile.djvu/166

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priſée, & qu’on me ſacrifie à ma rivale ? ce dernier trait acheve tous les autres, je n’ay plus rien à eſperer, on agit avec moy comme avec la Princeſſe de Sicile, je dois agir auſſi comme elle, & reprocher ſa lâcheté à celuy, qu’helas ! je ne puis accuſer de perfidie, puiſqu’il ne m’a jamais aimée : là deſſus elle courut chercher Amaldée qu’elle trouva dans les jardins du Palais, & luy donnant tous les noms que la rage inſpire, es-tu content de ces noms, luy dit-elle, & te ſemblent ils plus doux que mon ſilence ? il étoit ſi affligé qu’il ne ſçeut luy répondre une ſeule parole, & s’appuyant contre un arbre, il la regarda tendrement, & faiſant couler un torrent de larmes, il en tira à la fin des beaux jeux de cette irritée Princeſſe, elle ſe laiſſa aller ſur un ſiege de gazon vis-à-vis de luy, ils firent une converſation muette plus touchante que tout ce qu’ils auroient pû dire, mais elle ſe retira d’abord qu’Amaldée voulut ouvrir la bouche, & ſe ſauvant dans une allée ſombre, elle trouva Camille & l’Amirale qui la cherchoient ; s’eſtant liguées enſemble pour luy demander raiſon de la tromperie qu’il leur avoir