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Page:Bernard - Federic de Sicile.djvu/20

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deſſus. Il vit bien-toſt par les conqueſtes que ſa bonne mine luy attira, qu’une paſſion peut bien naiſtre ſans les ſecours d’une autre. Pluſieurs beautés ſoûpirerent pour luy tout bas, & quelques unes ſoûpirerent aſſez haut pour ſe faire entendre ; ſi bien que la foule de ſes Amantes l’importunant, il crut qu’il devoit feindre un attachement ; que par là il leur oſteroit l’eſpoir, & par conſequent l’envie de ſe faire aimer de luy. D’ailleurs eſtant perſuadé que la galanterie ſied bien à un jeune Prince, il voulut bien affecter une paſſion dont les apparences ne peuvent donner de chagrin.

Yolande fille du Grand Amiral luy parut fort propre à ſon deſſein ; elle étoit aſſez aimable pour ſe croire aimée ſur la moindre declaration, & aſſez jeune pour ne pas demeſler les vrays ou les faux ſoupirs. Il ne ſe trompa point dans toutes ſes conjectures, Yolande l’aima de tres-bonne foy, & toutes celles qui avoient pû faire des deſſeins contre la liberté de ce Prince, & qui s’étoient un peu trop empreſſées à ſe defaire de la leur, ſe degagerent en luy