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Page:Bernard - Federic de Sicile.djvu/21

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voyant cét attachement. La ſeule Amedée ſeconde femme du Grand Amiral, à qui ſon mary n’avoit jamais fait confidence de la tromperie qu’on faiſoit à toute la terre, y fut trompée comme les autres, & remarqua méme plus de charmes dans la perſonne de Federic depuis que ſa belle fille luy en avoit paru frappée. Elle le voyoit tous les jours, & trouvant ſa maniere d’aimer delicate, elle taſcha de détourner des vœux qui ne s’adreſſoient ſans doute à perſonne : elle étoit belle, & n’avoit que trente ans, ce n’eſt pas un âge à écarter les Amans. Et bien que ſes manieres fieres & imperieuſes euſſent rebuté tous ceux que ſa beauté luy avoit attirez, elle crut que s’en relâchant un peu en faveur du Prince, elle luy fairoit mieux valoir ce qu’elle ne faiſoit que pour luy. Ses jeux donc parlerent & parlerent inutilement. Quand l’amour ne ſe fait point entendre à un cœur, il eſt ſourd au langage des jeux. Il falloit s’expliquer plus clairement avec Federic, qui n’avoit aucun uſage de la tendreſſe. L’Amirale n’étoit pas d’humeur à le faire, & ſa paſſion contrainte de ſe renfermer dans les bor-