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Page:Bernard - Federic de Sicile.djvu/24

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me d’une tres-haute apparence, accompagné d’une tres-belle perſonne, qui malgré la triſteſſe & l’abbatement que leur avoit cauſé leur naufrage, ne laiſſerent pas de faire naître des perils plus grands que celuy qu’ils venoient d’éviter. Leon fut ébloüy & frappé de la beauté d’une ſi charmante perſonne ; il regarda Federic, & remarquant dans ſes jeux le même trouble dont il étoit agité ; il crut trouver en méme temps une Maiſtreſſe & un Rival, de ſorte que la jalouſie & l’amour entrerent enſemble dans ſon cœur. On peut dire que la Princeſſe de Sicile trouva auſſi en méme temps ce qui la rendoit tendre & inquiette, elle voyoit un homme ſi bien fait, qu’il pouvoit en quelque façon juſtifier la ſurpriſe de ſes ſens ; il étoit d’une taille la plus aiſée & la plus noble qui fût jamais, ſur tout il avoit un air fier, que la Princeſſe faiſoit deſſein de vaincre ; mais venant à jetter les jeux ſur la belle qui l’accompagnoit, elle ne put s’empeſcher de laiſſer échaper un ſoûpir. Ce fut le premier qu’elle pouſſa, qui fut partagé entre le dépit & l’amour. Cette perſonne avoit preſque