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Page:Bernard - Federic de Sicile.djvu/37

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Quand d’une vive ardeur on ſe ſent l’ame atteinte,
Affecter les dehors de la tranquillité
Eſt une dure & geſnante contrainte,
Lors qu’en d’étroits liens le cœur eſt arreſté,
C’est trop que de s’oſter encore la liberté
D’ouvrir la bouche à quelque triſte plainte.

Camille crut avoir trop de part à ce qu’il chantoit pour n’y pas répondre, & ſe ſouvenant fort à propos d’un couplet qu’elle avoit appris autrefois du Prince Ardalin, & qui convenoit admirablement bien au ſujet, elle chanta ces parolles.

Bien qu’on voye un cœur ſoûpirer,
Et qu’on s’aſſure aſſez de ſon ſecret martyre,
Il reste encore à deſirer
Le doux plaiſi de ſe l’entendre dire,
Qu’il eſt dur de voir differer.

Amaldée ne connut que trop la vivacité de cette application ſi juſte, que faiſoit ſa ſœur en réponſe aux vers Federic, & le Prince Leon crut qu’elle les avoit faits ſur le champ ; le ſeul Federic n’y entendoit rien, il étoit ſi occupé de ſa