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Page:Bernard - Federic de Sicile.djvu/36

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avec toute la liberté d’un eſprit content. Elle luy propoſa une partie de promenade, qu’il n’oſa rompre, & le Prince Amaldée à la priere de ſa ſœur, les y accompagna. Ils ſe rencontrerent à l’endroit d’un Echo admirable, & Amaldée pria ſa ſœur de chanter un air qu’elle avoit fait depuis quelques jours, en voiçy les paroles.

Sans crainte je voyois mille appas chaque jour,
Mais quand un jeune cœur ſur ſa foy ſe repoſe,
Qu’il eſt à plaindre ; & que l’amour
Qui voit qu’innocamment au peril il s’expoſe,
Souvent luy joüe un méchant tour !
Chaque inſtant de ce cœur luy donne quelque choſe,
L’amour en vient bien-tôt à bout
Et le jour vient enfin qu’il donne tout.

Quand elle eut achevé de chanter, elle entendit quelqu’un qui chantoit auſſi. C’étoit Federic qui entretenoit ſa mélancolie, & qui ſans avoir entendu Camille chantoit de loin ces parolles.