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Page:Bernard - Federic de Sicile.djvu/42

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ſeins contre qui que ce fût qui luy enlevoit ce cœur qu’elle avoit crû poſſeder ; puis ſe repentant tout d’un coup, elle ſentit tout ce qu’une ame genereuſe & affligée peut ſentir de plus touchant. Quoy ? diſoit-elle, ma tendreſſe en eſt elle moins violente pour eſtre cachée, & doit-elle eſtre mal reconnuë pour étre née un peu plus tard que celle dont mon ingrat paroiſt ſi peu touché ? Inſenſée que je ſuis, adjoûtoit-elle, veux-je troubler la paix de deux Amans que ce Ciel avoit unis avant que je ſongeaſſe à m’engager ? Non, laiſſons les joüir de tous ces biens que je m’eſtois vainement figurez, & ne les en détournons pas un moment par la compaſſion des miſeres que je me ſuis attirés, pour avoir eſté trop credule. Toutes ces penſées douloureuſes ne la quitterent point toute la nuit. Le jour parut avant que ſon eſprit eut pû trouver un moment de repos. Amaldée vint la voir dans ſa chambre comme il faiſoit ſouvent, il étoit la cauſe innocente de ſes larmes, & ce fut là qu’elles redoublerent, ah ! pourquoy m’avez vous ſeduite par la trompeuſe apparence d’eſtre ainée du Prince de