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Page:Bernard - Federic de Sicile.djvu/43

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Sicile ? pourquoy en me voulant faire craindre ſa tendreſſe me la rendîtes-vous ſi dangereuſe ? ah ! continua-t’elle, voyant qu’il ne répondoit point, que ne gardiez-vous ce ſilence, qui m’auroit épargné tant de plaintes ? pour quoy prononçaſtes-vous cette parole ſi fatale par ſa fauſſe douceur… le Ciel m’eſt témoin, interrompit Amaldée, que mon intention fut de vous empeſcher d’aimer en vous… helas ! interrompit Camille avec precipitation, falloit-il pour m’empeſcher d’aimer me dire que j’eſtois aimée ? Que ne me diſiez-vous plutoſt, comme vray, qu’il brûloit pour une autre ; j’en aurois ſoûpiré, mais du moins j’aurois évité les chagrins mortels qui me devorent. Elle luy raconta en ſuite toute ce qu’elle avoit entendu, en exagerant la choſe autant que ſa paſſion le luy inſpiroit, & tachant d’exhaler ſa douleur en reproches, elle ne pouvoit finir. On veut eſtre éloquente quand on eſt un peu revenuë de ſon premier tranſport, afin de faire du moins partager ſes maux à quelqu’un. Mais Amaldée jugeant qu’elle avoit beſoin de repos, ſortit de ſa chambre & le