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Page:Bernard - Federic de Sicile.djvu/56

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pour un autre, c’eſtoit aſſez pour ne luy laiſſer aucun repos. Amaldée qui n’avoit rien qui luy occupaſt le cœur, repaſſoit ſans ceſſe dans ſa memoire les évenemens dont on eſtoit à peine ſorty. Tout ſon eſprit eſtoit remply de l’ombre d’Ardalin, & il vivoit dans une grande mélancolie. Comme il ſe promenoit ſouvent ſeul, la Princeſſe de Sicile en faiſoit de méme par un autre motif, ils ſe rencontrerent & ne ſe joignirent point. La paſſion de la Princeſſe la rendant timide, luy faiſoit éviter celuy que ſon cœur cherchoit avec trop d’empreſſement, & luy n’y prenoit point garde, ou ne s’empreſſoit guere à luy en demander la raiſon. Cependant un jour que Federic paſſant à coſté de luy, feignoit de ne le point voir ; Que les Amans ſont farouches, luy dit Amaldée, en riant, & quel bonheur pour moy d’avoir le cœur d’une trempe plus dure que le voſtre, aprés ce que je connois de l’amour, je ne voudrois pour rien en faire l’experience, je veux negliger autant qu’il me ſera poſſible des beautez qui exitent un attachement ſi entier, & puiſqu’il faut ſacrifier toutes