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Page:Bernard - Federic de Sicile.djvu/59

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n’en eſtoit pas non plus, bien qu’elle ne parût point ſous la figure d’Amante, elle ne l’eſtoit pas moins pour cela, & ſi des mépris ne devoient pas offenſer directement ſa paſſion, elle ne laiſſoit pas d’eſtre bleſſée par des effets que l’intention ne juſtifioit pas aſſez auprés d’elle. Helas ! diſoit cette Princeſſe, que ne ſe ſent-il forcé de m’aimer ? quoy que ſa raiſon luy oppoſe ; je ſens bien l’aimer ſans le conſentement de la mienne ; mais il en eſt encore bien loin, que n’a-t’il les jeux plus penetrans, & que ne ſçait-il deméler le cœur d’une Amante ſous la figure d’un Amant ? la langueur de mes jeux devroit, ce me ſemble, luy avoir développé ce myſtere, mais les ſiens ne l’ont pas voulu voir, ou l’ont mepriſée en la voyant. La figure de Federic eſt-elle ſi mépriſable, qu’elle n’ait pû ſe faire encore un amy d’Amaldée, puiſque la Princeſſe de Sicile n’oſe pas s’en faire un Amant ? & faut-il que n’oſant rien eſperer pour elle-même, elle ſoit reduite à ſouhaitter quelques égards pour Federic, que l’on évite avec tant de ſoin ? comme l’amour fait faire des vers, & que la Poëſie