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Page:Bernard - Federic de Sicile.djvu/84

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la reconnoiſſance que je dois au Roy, luy dit-elle, mais le Prince ſon fils ſouffriroit trop à voir inceſſamment l’objet de ſa haine, ah ! Madame, interrompit Federic, quel monſtre ſeroit le Prince de Sicile ! ah luy dit Camille, en l’interrompant à ſon tour, c’étoit aſſez me haïr que de feindre de m’aimer, pour me priver d’une douceur, dont la moindre idée ſuffiſoit pour me ſurprendre, voyez luy dit-elle, en luy montrant l’élegie, quelle delicateſſe pour un Prince dont les feux ſont allumez par des froideurs, & que l’amour renverſe bien l’ordre de toutes nos inclinations. C’eſt ce méme Prince qui ſe voit tendre & ſoumis à ce point. Quelle fut la confuſion de Federic ! ſa paſſion eſtoit depeinte ſi naturellement dans ces vers, le caractere en étoit ſi tendre qu’Amaldée commença d’en eſtre touché ; il fut quelque temps ſans avoir la force de ſe juſtifier d’une choſe trop veritable, enfin il ſe ſauva encore ſur l’équivoque, Madame, dit-il en s’adreſſant à Camille, je vous jure encore une fois que tout ce que j’aime eſt icy. N’en dites pas d’avantage, interrompit Camille,