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Page:Bernard - Federic de Sicile.djvu/89

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venir, neanmoins il y vint ; il eut beau s’oppoſer aux deſſeins du Roy ſon pere, il n’en ſçeut obtenir d’autre châtiment, que celuy d’aller ravager un païs qui luy étoit ſi cher : auſſi l’avoit-on choiſi comme le plus rude, on l’y mena comme au trépas. Il ne ſçeut s’empécher de dire au Roy qui luy recommandoit de faire ſon devoir, ſi je le ſais, craignez pour le ſuccez de voſtre entrepriſe. Le Ciel ne ſçauroit eſtre du party de l’ingratitude, & je ne ſeray que ce qu’il m’inſpirera. Le Roy que ces paroles firent craindre qu’il ne favoriſat les intereſts de Menfroy, donna charge ſecrettement à un des ſiens de veiller ſur ſa conduite, & de luy rendre compte de toutes ſes actions, & luy dit que ſa fortune luy répondroit de la deſobeïſſance de ſon fils. Voila donc Amaldée party pour retourner en Sicile. Il ſouhaittoit qu’un heureux naufrage le diſpenſaſt d’un voyage ſi funeſte à ſon repos & à ſa gloire. Il n’avoit que le nom de Maiſtre, & ce n’eſtoit que ce nom qui le faiſoit paroiſtre coupable aux jeux des Siciliens. Menfroy ſe douta bien de la violence qu’on luy faiſoit, mais Federic étoit