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Page:Bernard - Federic de Sicile.djvu/88

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Princeſſe de Sicile guerit enſin de ſa fiévre, mais elle eſtoit toûjours languiſſante ; elle avoit remarqué une triſteſſe ſi touchante ſur le viſage d’Amaldée en le quittant, que cela redoubloit la ſienne. Si ce tendre chagrin luy avoit donné de la joye, elle ne luy dura gueres, & cet inſtant de bonheur qui paſſa ſi vîte ne ſervit qu’à rendre cette Princeſſe plus mal-heureuſe.

Cependant la tréve ſinit, Berranger avoit de longue main équipé une armée navale, & ſon fils eſtoit à peine revenu, que pour le punir des obſtacles qu’il avoit apportez à ſon deſſein, il luy ordonna d’en prendre la conduite. C’étoit une cruelle choſe pour luy que de porter les armes contre un Roy dont les bien-faits l’avoient remply d’admiration, & contre un Prince qui l’avoit inſenſiblement deſarmé d’une certaine fierté naturelle qui eſtoit ſon ſeul défaut. Sa paſſion naiſſante, qu’il n’appelloit pas de ce nom, affoibliſſoit extrémement en luy celle que ſon pere luy avoit voulu donner pour cette guerre. De plus, il la trouvoit ſi injuſte, qu’il ſe porta à cent extremitez avant que d’y