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Page:Bernard - Godfernaux - Triplepatte (1906).djvu/88

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ACTE PREMIER
LA BARONNE, regardant Yvonne.

Oui ! Oui ! Nous faisons de vilaines cachotteries devant cette petite ; n’est-ce pas le moment de lui révéler à notre chère petite… Attention ! (Elle fait un pas vers Yvonne qui recule.) À notre chère petite quoi ? (Elle fait encore un pas et lui crie rapidement à l’oreille.) Vicomtessei !… (Vivement, en se reculant.) Je n’ai rien dit ! Je n’ai rien dit !

MADAME HERBELIER.

Tu as entendu, Yvonne ?

YVONNE, résignée.

Oui, maman.

LA BARONNE.

Moi, je ne voulais rien dire ! Je voulais laisser arriver le beau vicomte, le prince charmant ! Il aurait regardé la jolie belle… La jolie belle aurait baissé les yeux ! Et pan ! pan ! Le coup de foudre ! (Avec explosion.) Ah ! Je suis une romanesque, moi ! J’aime les surprises, l’imprévu, l’aventure, la grande route, la berline, les postillons, les grelots, le clair de lune, l’échelle au balcon !… Mais maman, qui est une personne raisonnable, a préféré qu’on prévienne.

MADAME HERBELIER.

C’était plus sage.

LA BARONNE.

Et ce bon M. Herbelier ? Où est-il, votre cher mari ?

MADAME HERBELIER.

Mon mari ? Il a disparu selon son habitude.