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Page:Bernard - Inès de Cordoue, 1697.pdf/208

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time, & n’étant pas en état de luy écrire luy-même, il avoit mieux aimé ne luy pas donner de ſes nouvelles que de luy en donner, avec la reſerve qu’éxigent les voyes indirectes ; il ne prévoyoit pas que n’ayant point changé de ſentimens il en pût eſtre ſoupçonné.

Mais plus l’amour eſt grand, plus il eſt aiſé à bleſſer. Fatime ayant une paſſion extrême, ne pouvoit recevoir d’offenſes qui luy paruſſent petites, & une negligence luy ſembloit un cruel outrage.

L’orgueil de la beauté ſe joignant à la délicateſſe de l’amour, augmenta encore le crime d’Abenamar auprés de Fatime, elle ſe perſuada qu’elle meritoit une meilleure deſtinée, & ſon dépit eſtoit porté à l’excés, lors qu’elle reçut une lettre d’Abenamar.

Si-toſt qu’il avoit pû écrire quelques mots de ſa main, il avoit écrit à Fatime, mais il eſtoit trop tard.