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Page:Bernard - Inès de Cordoue, 1697.pdf/209

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nouvelle Eſpagnole.

Elle regarda dédaigneuſement celuy qui luy apportoit la lettre, & ne voulut pas la recevoir.

Abenamar étonné à ſon tour de trouver de la bizarerie dans une perſonne qui luy en avoit toûjours paru exempte, ne demeſla pas d’abord ce qui luy pouvoit attirer ce traitement. Il estoit furieux ſans ſavoir à quoy s’en prendre ; mais on devient aiſément jaloux quand on eſt maltraité d’une belle perſonne. Il crut qu’en ſon abſence un Rival l’avoit abſolument détruit, qu’elle l’outrageoit pour le guerir, ou qu’elle vouloit du moins l’irriter aſſez pour luy oſter jusqu’au deſir d’un éclairciſſement, toûjours plus cruel pour les coupables, que les injures qui ſe diſent hors de leur preſence ; enfin ſans s’aſſurer de ſes conjectures, il avoit la même rage que donne la certitude d’être trahy.

Il revint le plus promtement qu’il pût à Grenade ; & la pre-