Page:Bernier - Ce que disait la flamme, 1913.djvu/133

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Tout à l’heure, je tremblais comme un petit moineau l’hiver, au froid… Ta peine m’a tellement bouleversée, qu’elle n’était pas endurable. Mais la confiance m’est venue comme par magie. Luttons, veux-tu ? Je veux qu’elles s’en aillent, je t’assure qu’elles auront le dessous !

— « C’est facile en paroles », dit la mère. Et pourtant, un filet d’espoir luit dans son âme.

— Nous chasserons la mort !

— Pas cela, mon Dieu, pas cela ! s’écrie Germaine, oppressée. La mort, elle m’épouvante. Depuis qu’elle m’a arraché des bras le petit Félix, j’en ai toujours eu peur. Tu t’en rappelles, Lucile, tu avais huit ans. Il était si fin, si malfaisant, si gourmand, je l’aimais à la folie. Le jour où je l’ai perdu, on m’a cru chavirée. Il y a douze ans, et j’en ai encore tant de chagrin que je ne suis pas capable de tout dire… Oui, la mort, c’est une voleuse, je m’en méfie ! Qu’est-ce qu’on peut contre elle ?

— On peut lui dire d’aller droit son chemin…

— Hélas ! ma petite fille, elle arrête partout…

— Je vous le répète, maman, je suis certaine qu’elle s’en retournera bredouille !

— On dirait, ma foi, qu’elle donne des ordres à la mort. Elle se moque bien de toi, va ! raille durement Germaine.

Peu à peu, toutefois, l’inflexible accent de la