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Page:Bernier - Ce que disait la flamme, 1913.djvu/132

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— La rechute est pire… que la maladie, sanglote Germaine.

— Pas toujours, maman.

— Je te dis qu’il est fini, moi !

— Non, le bon Dieu ne le voudra pas !

— Je n’ai jamais vu de gens réchapper des fièvres quand elles reprennent… Ah ! laisse-moi ! il s’en va !…

Des sanglots plus intenses la violentent, Lucile en est comme navrée. Mais un courage, dont elle ne s’explique pas l’ardeur lucide, la soutient, lui dicte un langage électrisé d’espérance :

— Je ne te connais plus, maman. Tu as toujours été si forte… Le désespoir, cela ne sert à rien. Et puis, tout n’est pas fini, quoique tu en dises. Tes larmes me font je ne sais quoi… Si elles continuent, je ne sais plus ce que je vais devenir, moi. Tiens, c’est la fatigue : va te reposer…

— Je n’ai pas clos l’œil depuis un mois. Quand le cœur fait si mal qu’on voudrait mourir, on n’est plus capable de s’endormir. Tu as tort de me plaindre. Avant de pleurer, j’ai senti qu’il n’y avait plus d’autre moyen de vivre…

— Oh ! si cela pouvait te faire du bien !

— Ah ! maudites fièvres ! je les hais !

— Luttons, maman, elles ont quelquefois le dessous. J’ai moins peur d’elles maintenant.