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Page:Bernier - Ce que disait la flamme, 1913.djvu/140

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res ! Si je le perds, il me semble que je n’aurai plus rien…

— Eh quoi ! nous ne sommes rien, les autres ! dit Lucile, avec un sourire de malice extrêmement douce.

— Vous êtes beaucoup, les enfants, vous êtes… comment dire cela ? Vous êtes tout et vous êtes… rien.

— Je ne suis pas jalouse, mais je ne comprends pas bien.


— Comment ! tu ne devines pas, au moins ? À ton âge ?…

— Que je suis sotte, maman !

— Pas tant que cela, ma petite fille ! Si tu savais comme je paye l’amour cher ! Pardon, Lucile, pardon, cher vieux François, mon pauvre vieux !

Les exquis souvenirs affluent à la mémoire de Germaine. Quelle profonde et simple idylle ! Leurs âmes, au cours du jeune âge, s’étaient rapprochées tant l’une de l’autre qu’elles n’en devinrent plus qu’une, fraternelle et nécessaire. Un jour qu’un regard plus enivrant leur était monté des profondeurs de l’être, ils tressaillirent, et ils ne furent plus jamais les mêmes l’un pour l’autre. Sous les yeux hypocritement ingénus des parents, leurs paroles d’amoureux s’attendrissaient, leurs sourires avaient les larmes