Aller au contenu

Page:Bernier - Ce que disait la flamme, 1913.djvu/139

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

des pâleurs bleutées de cire, la peau se teinte de blancheurs qui la contractent. On n’avait pas eu le soin de raser la chevelure : le crâne, luisant comme la pelure d’un fruit vert, semble aussi inerte qu’une statue de la mort.

— Ce pauvre vieux ! comme il a maigri ! Regarde-moi donc ce bras comme il s’est rapetissé ! Ce n’est plus les doigts d’un ouvrier, mais ceux d’un monsieur de banque. Il a les yeux cernés comme un défunt… pas une goutte de sang à la bouche, aux oreilles. Il n’a plus que les os. Ce n’est plus lui, c’est son ombre. Mais, ne dis rien, François, nous te tenons encore ! nous ne te lâcherons pas !

— Que c’est triste de le voir si pâle, si défiguré ! Mon cœur en a le vertige. Si je pouvais, par des baisers sur son front, éteindre la fièvre, que je l’embrasserais fort et longtemps !

— Ne l’ai-je pas embrassé bien fort, moi ? ça l’a-t-il empêché d’être malade ?

— Tout notre amour devra la ramener !

— Le mien, surtout, Lucile ! Ah, que je l’ai aimé, ton père ! Il n’y en a pas deux comme lui. C’est un cœur sans pareil, un cœur d’or, mieux que cela, un cœur d’ange. Et dire qu’il est en train de ne plus battre pour moi, ce bon cœur. Non, Seigneur, ne m’enlevez pas mon trésor, ayez pitié, comme le dit votre beau livre de priè-