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Page:Bernier - Ce que disait la flamme, 1913.djvu/149

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au fond, des yeux ; on n’a pas l’intention d’humilier, quand la voix s’adoucit comme l’air d’une chanson triste ; on n’est pas lâche, quand de soi la honte rayonne ainsi… Il viendra, le fils loyal du patron, réchauffer l’ardeur à terrasser le mal, parce qu’il possède un don que Lucile ne peut définir, mais qu’elle sent : le pouvoir d’agiter en l’âme l’espérance !…

Exténuée, Germaine s’est assoupie. Sur les deux bras charnus comme sur un mol oreiller, la tête s’affaisse. Quelques sons étouffés divaguent sur les lèvres. Un rien détruirait ce frêle sommeil. Lucile marche vers la fenêtre où la brise lui rafraîchira les tempes. La pureté bleue du ciel tombe en elle comme un fluide qui repose. Dans la cour, au-dessous, quelques fleurs paraissent heureuses de n’être plus étourdies par le soleil. Les herbes sauvages foisonnent autour des plates-bandes où les feuilles des légumes commencent à poindre au ras du sol. Le rosier, là-bas, se pare de boutons gonflés d’amour. Deux arbrisseaux, pommiers minuscules, s’enorgueillissent de leur jeune ramure. Ce matin même, Lucile a lavé quelques morceaux de linge : ils bougent à peine dans l’air, aussi blancs que les petits nuages satinés de l’espace.

Aussi blanche que les petits nuages est la robe de mousseline qui enveloppe Thérèse Bertrand de