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Page:Bernier - Ce que disait la flamme, 1913.djvu/150

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CE QUE DISAIT LA FLAMME…

souplesse gracile. Sa mère l’avait ainsi rendue belle, pour la visite du docteur Bernard. C’est qu’il en imposait, le docteur Bernard, avec la redingote sévèrement ajustée, la chaîne d’or aux reflets graves, les airs de science hautaine. Dans certaines familles, il y a comme une superstition de plaire au médecin ; on croit que, si l’ordre à la maison lui fut agréable, il en rapporte un plus grand souci d’être salutaire. Toujours est-il que Thérèse est exquise à voir. Elle a, voltigeant sur le cou le plus fin, les plus touchantes mèches blondes pour lesquelles on puisse soupirer. Le visage a la couleur du liseron des champs au bord des ruisseaux purs. Les lignes n’en sont pas irréprochables, mais il est charmant. La bouche est une merveille de coloris et de grâce. Escortée d’une bonne américaine, elle éblouirait les passants qui diraient. : « Quelle jolie petite demoiselle » !

Il est donc admis qu’elle est délicieuse à voir. Comme si elle posait les pieds sur la mousse, elle fait à peine gémir le prélart du couloir. Depuis trois jours, il n’y a presque plus de bruit dans la maison. Elle s’ingénie à ne pas en éveiller elle-même : « Pas plus que les mouches ! » dit-elle, avec un sérieux qui met des larmes aux yeux des grands frères. Elle sait qu’elle ne doit pas lâcher à tue-tête la nouvelle que son front, devenu