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Page:Bernier - Ce que disait la flamme, 1913.djvu/209

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CE QUE DISAIT LA FLAMME…

faut attendre, être rongé par l’ennui, par la misère morale…

— Ne suis-je pas là, moi ?

— Je te remercie d’être généreux, mais il s’agit de l’être autrement que tu ne l’offres. Tu vas comprendre. Il me semble que c’est du bonheur, du grand bonheur. Je me ferai un « chez moi » de science, de recueillement, de travail. C’est ton vieux compagnon d’armes, le travail, celui qui prend tout entier, qui passionne. Comme toi, je veux être quelqu’un, me dévouer, réussir. J’aime la médecine, je veux me donner à elle !… Un laboratoire, clair, parfumé d’arômes bons à l’âme, où je ferai des expériences, où je me lancerai dans l’inconnu pour le conquérir, où je triompherai, quelle joie ! quelle existence pleine, grisante, bénie ! Tu ne me refuseras pas cela. Un moment, j’ai eu peur de toi, je te demande pardon…

— Tu avais bien raison de m’avertir ! s’écrie Gaspard, un peu abasourdi. Je n’aurais jamais deviné une chose semblable… Mais ça ne se fait pas ! C’est la première fois qu’un jeune homme de chez nous… et tu ne pratiquerais pas ? Avoir étudié la médecine pour ne pas la pratiquer, c’est… c’est vraiment drôle !

— Pour ne pas dire grotesque ?