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CE QUE DISAIT LA FLAMME…

— Non, mais… excentrique, comme disent mes amis anglais au club.

— Les Anglais ont pour idéal : « Cours droit au but que ton courage a choisi » ! Il n’est pas facilement blâmé par eux, celui qui donne sa meilleure énergie à la tâche qu’il aime ! La mienne entend l’appel de la science et répond !

— Cela ne t’empêcherait pas d’exercer ta profession, Jean ?… Tout ce qu’il te faudra pour un laboratoire, je te le donnerai. Tu pourras faire semblant de pratiquer ?… Je te pourvoirai de clientèle !…

Il a dit cela simplement, finement, avec une délicatesse de voix et d’âme merveilleuse chez une nature aussi rude. Jean, tout surpris, lui jette un long regard de reconnaissance. L’impression dissolvante de tout à l’heure, d’égoïsme et de gras intérêts, est détruite par la générosité, par l’indulgence du père. C’est comme une réhabilitation, un renouveau de prestige. Un remords de ses répugnances l’étreint : n’originent-elles pas d’un patriotisme subtil au point d’en être grincheux ? Ce n’est plus de l’enthousiasme de bon aloi, mais de l’irritabilité, une toquade.

Il aurait, plus loin encore, poussé le reniement de tous les sentiments qui affluèrent à son âme depuis quelques jours. Une mélodie éclatant soudain, venue d’un piano qu’une touche