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Page:Bernier - Ce que disait la flamme, 1913.djvu/308

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CE QUE DISAIT LA FLAMME…

pense. Ce n’est pas cela qui est impossible, c’est vous croire…

Il est conquis par la riposte, il sourit, il plaisante :

— Vous n’avez pas du tout confiance en moi, alors ?

— Ce n’est pas généreux comme moyen d’exiger une réponse !

— Nous nous perdons, mademoiselle, et nous ne savons plus où nous sommes.

— Ah ! vous le savez bien !

— Où donc, je vous en prie ?

— Mais c’est à vous de répondre, je vous ai posé une question…

— Dois-je vous répéter qu’auprès de vous, malgré moi, j’admire ? s’écrie Jean, avec une sincérité vibrante.

— Vous admirez ? redit-elle, comme navrée, les cils un moment affolés, le bouleversement du cœur lui brillant au fond des yeux…

Des vagues infimes se gonflent au rivage du Bout de l’Île, et leurs soupirs, lorsqu’elles se brisent le long des contours, ressemblent à une complainte amoureuse. Des éclairs de joie s’allument au flanc des rochers gris palpitants de lumière. Le fleuve est un ruissellement d’or qui fascine. Les arbres chuchotent des mots d’une douceur infinie…