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Page:Bernier - Ce que disait la flamme, 1913.djvu/307

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CE QUE DISAIT LA FLAMME…

— C’est bon d’être si jeune, dit Lucile, revenue à l’émotion qu’elle désire éloigner de son être.

— Que voulez-vous dire ?

— Eh bien, oui, d’être si jeune… de…

— De trouver aisément du bonheur ?

— Je ne sais pas… oui, c’est à peu près ce que je pensais. Vous expliquez bien les choses que je ne suis pas capable de mettre en paroles…

— C’est vous qui me les suggérez, les paroles, c’est votre âme.

— Elle est si ordinaire, mon âme ! Il me semble que parfois, votre manière de parler n’est plus ordinaire, mais si belle, si profonde… Pourquoi me flatter ainsi ? Vous m’avez défendu de ne pas vous croire, et c’est impossible de vous croire.

— Prenez garde au mot « impossible », mademoiselle.

— Prenez-y garde vous-même ! répond-elle, songeuse.

Jean est cloué de stupéfaction. Elle ne le défie certes pas de vaincre le charme dont elle enjôle. Implore-t-elle avec humilité de ne pas la conduire à la souffrance ? Elle n’a que jeté une des saillies imprévues chez elle coutumières. Aussi, dit-il avec légèreté :

— Est-il impossible d’avouer ce que l’on pense ?

— Je ne fais pas autre chose, je dis ce que je