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Page:Bernier - Ce que disait la flamme, 1913.djvu/420

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Il ne restait plus qu’à détourner Jean d’une illusion, d’un nuage. Des ardeurs l’embrasaient souvent : la fourberie et la lâcheté facilement lui inspiraient de chaudes protestations. Était-ce l’activité jamais assouvie de l’intelligence qui les lui faisait oublier si tôt ? Pourquoi s’attacherait-il à ce rêve longtemps ? Bien qu’il eût soulevé tant de cœur et d’âme, l’apaisement n’aurait-il pas lieu ? Gaspard n’alla pas plus loin que cette logique. Il n’osait tout de suite et avec droiture braver la déception de Jean, il attendit que sa passion élevée d’elle-même s’effondrât… Et voici que tous les deux, avec mystère, silencieux et comme timides, ils s’interrogent d’un regard inflexible, le buste redressé. Le père occupe le fauteuil où il se prélasse d’ordinaire, il a cessé tout à coup d’y enfouir son dos et sa tête languissamment. Il ne sait pourquoi lui remonte en l’esprit l’idéal patriotique de son fils, avec une telle clarté, une force aussi violente. La résolution qui raidit les traits du jeune homme l’effraye et le tient sur le qui vive. Et Jean ne se laisse pas affaiblir par la rudesse et la méfiance épandues sur les traits de son père, les regarde bien en face pour en soutenir la colère, s’il le faut. Au premier choc, il a chancelé d’inquiétude. La décision trop ferme a repris l’offensive, il est