Page:Bernier - Ce que disait la flamme, 1913.djvu/421

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prêt. Tous les deux, étranges, sans une parole, sans un geste, se préparent, devinent qu’entre eux accourent, des choses décisives et graves…

— Que je suis heureux de te trouver ici, mon père ! s’est écrié Jean, lorsqu’il a rejoint l’industriel.

— Ce n’est pas la première fois que tu m’y rencontres ! répondit l’autre, contrarié, maussade.

Depuis lors, depuis une minute écrasante, ils luttent à qui rompra le silence, la tension d’âmes…

Enfin, le fils interroge :

— Qu’y a-t-il ?

— Qu’est-ce qu’il y a ? fait l’autre, sans désarmer.

— Avant que tu ne m’aies expliqué, je n’ai pas le droit de songer à moi…

— Je n’y comprends rien !

— Tu as l’air si… irrité, si dur ! Ton accent glace comme un vent d’Ouest !

— Tu as quelque chose à me dire ? Allons, qui doit se soumettre ici ?

— Je te respecte sans mesure, mais ce serait de l’égoïsme que de t’obéir. Il y a comme une souffrance en toute ta manière d’être, et je dois la savoir !

— Tu es trop roué, Jean !