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Page:Bertrand - Arago et sa vie scientifique.djvu/15

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lin où il était enfermé avec ses compagnons d’infortune. Toute résistance était impossible. Les prisonniers demandèrent ce qu’on voulait faire d’eux.

— Vous ne le verrez que trop tôt, répliqua l’officier espagnol.

« En analysant les sensations éprouvées en présence d’une mort qui semblait si certaine et si proche, je suis arrivé, dit Arago, à me persuader qu’un homme qu’on conduit à la mort n’est pas aussi malheureux qu’on l’imagine ». Ce qui l’émouvait le plus profondément était la vue des Pyrénées, dont il apercevait distinctement les pics, et qu’à ce moment suprême sa mère de l’autre côté de la chaîne, pouvait regarder paisiblement.

Le bâtiment capturé portait heureusement deux lions envoyés par le dey d’Alger à l’empereur des Français. L’un d’eux avait péri, et Arago trouva moyen d’en informer le dey qui, transporté de fureur, menaça l’Espagne de la guerre. L’Espagne avait alors trop d’embarras pour ne pas en éviter