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Page:Bertrand - D’Alembert, 1889.djvu/133

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signées par les jésuites d’Amérique et non payées en Europe, le procès commercial fait par les négociants de Lyon et de Marseille à ces marchands auxquels leurs statuts prescrivaient la pauvreté. Chaque profès en effet avait prononcé ce serment : « Je ne travaillerai jamais, en aucune façon, ni ne consentirai jamais au changement des règlements faits sur la pauvreté par les constitutions de la société, si ce n’est quand, par de justes causes, les circonstances pourront exiger que cette pauvreté soit encore restreinte davantage ».

On faisait remarquer cependant qu’on peut être pauvre au milieu de l’abondance. Si la société possédait des biens considérables, les membres de ce corps devenu opulent pourraient encore pratiquer la pauvreté évangélique.

Cette ingénieuse remarque justifiait tout. La banqueroute était un malheur impossible à prévoir. Cela était vrai, mais ce malheur n’arrive pas sans qu’on s’y soit exposé. La malédiction des richesses tombe plus encore que sur les riches sur ceux qui ont soif de le devenir. La banqueroute des jésuites, importante par le chiffre des intérêts engagés — les dettes s’élevaient à 3 millions, — l’était surtout par les révélations qui en sortaient. Elle fut portée à la grand’chambre du Parlement de Paris. Les jésuites furent condamnés, aux applaudissements de la foule qui encombrait le palais, à payer les dettes de leurs frères, avec défense de faire du commerce. La joie fut universelle.